92               - JtfEMOlRIiS DE PIERRE DE L'ESTOILE.
Le mercredy huitieme jour du mois d'août, le car­dinal de Gondy et l'archevêque de Lyon s'acheminè­rent vers le duc de Mayenne, qui les renvoya vers le Roy, avec déclaration qu'il ne désiroit que la paix; et en même temps il donna avis aux Seize de ne point s'allarmer de ce traité : qu'il mourroit plutot que de faire la paix.
Pendant ce temps de trêve, le Roi, qui auroit pû se rendre maître de Paris, ne pensoit qu'à se divertir avec les dames, et n'écouta pas les avis qu'on lui don­noit que le duc de Mayenne le trompoit, et qu'il ne cherchoit qu'à pousser le temps avec l'épaule. U n'en voulut rien croire, et accorda des passe-ports aux dames, aux écoliers, aux ecclesiastiques, voire à ceux qui s'é-toient montrés ses plus cruels ennemis.
Le jeudy seizieme jour du mois d'août, le roi de Navarre, qui n'avoit point encore réponse favorable des assiégés, a fait dresser pendant la nuit deux batteries auprès de la porte Saint-Germain, où il sçavoit que la muraille étoit foible et le fossé peu exhaussé; mais ayant appris par ses travailleurs que la porte de Saint­Germain avoit été terrassée et fortifiée par un grand retranchement que le duc de Nemours avoit fait faire pendant le siége, il a abandonné ce dessein.
Le lundy vingtième du mois d'août, un bruit s'est répandu que Dandelot (-) étpit venu hier dans Paris faire des propositions de paix, et qu'il promettoit au duc de Nemours de lui donner la princesse Catherine,
(0 Dandtlot; Charie» Dandelot, frère de ChâtOlon, et fils de l'a­miral de Coligny. Dana one sortie, U avoit été fait prisonnier par les ligueurs, comme le comte de Brissac avoit été fait prisonnier par los Royalistes. L'un et l'autre étoient libres sur parole.
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